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Actualité sur l'éducation et les projets éducatifs locaux

DECLARATION Pour un acte II de la Refondation

DECLARATION

Pour un acte II de la Refondation

Comme d’autres pays, la France est confrontée aux défis des profondes mutations en cours liées à la mondialisation et aux enjeux de civilisation qui en découlent. Parmi ces défis, celui de l’Education, parce qu’il est porteur de sens mais aussi parce qu’il est le plus décisif pour l’avenir du pays, est le premier. Il ne peut être relevé qu'avec un projet partagé par la Nation lequel s’inscrit nécessairement dans une perspective européenne. Ce projet doit être à la hauteur des enjeux sociaux, culturels, et économiques d'un développement humain soutenable et vise celui des capacités propres à chaque individu, l’existence et la pérennité d’une société démocratique étant liées à la reconnaissance des droits de chaque citoyen à exercer ses compétences spécifiques en vue de réaliser ses projets et de participer activement à la vie sociale.

Si l’éducation est un processus de socialisation bienveillant permettant aux nouveaux venus de bénéficier des acquis des générations qui ont construit la société dans laquelle ils arrivent, tout en contribuant à l’améliorer en développant les potentialités de chacun au bénéfice de tous, elle peut être définie selon deux dimensions :

- d’une part, l’éducation est le droit de tous, sans aucune exception, à une formation de qualité qui développe les potentialités et reconnait que chacun a des capacités différentes pour accéder aux apprentissages fondamentaux. Elle veille à ce qu’aucun apprenant ne soit exclu du système éducatif pour tous. En ce sens, l’éducation vise à être inclusive ;

- d’autre part, l’éducation est l’affaire de tous, parents, professionnels, acteurs associatifs, jeunes, élus, acteurs économiques, selon des responsabilités et des rôles différentiés mais complémentaires et interagissant en permanence. En ce sens l’éducation est une responsabilité partagée.

Relever le défi d’une éducation inclusive et partagée, exige de la part de notre pays qu’il mène une politique éducative globale et audacieuse fondée sur des valeurs de laïcité, d'émancipation et de solidarité indissociables les unes des autres. Cette exigence s’inscrit nécessairement dans un horizon européen qui propose un cadre commun de référence pour huit compétences clé et promeut l’éducation inclusive.

Le défi qu’il nous faut relever s’appuie sur :

  • Un idéal : concevoir une politique d’éducation positive, fondée à la fois sur les valeurs de la République, la bienveillance et le bien être de tous.
  • Une ambition : mettre en œuvre une politique d’éducation globale qui mobilise et associe tous les acteurs y compris les enfants et les jeunes.
  • Une vision : promouvoir un processus d’éducation tout au long de la vie.

La loi d’orientation et de programmation pour refonder l’Ecole de la République qui porte le principe d’une meilleure adaptation des temps, des espaces et des contenus éducatifs aux besoins des enfants et reconnaît pour la première fois les projets éducatifs de territoire (PEdT) a indiqué la direction à suivre. Par les ouvertures qu'elle contient, cette loi a amorcé plusieurs changements importants qui devront être poursuivis et amplifiés pour rompre avec les logiques antérieures et dépasser les limites d’une simple réforme des rythmes scolaires alors que la Refondation doit couvrir l’ensemble du champ éducatif.

Sans remettre en cause les spécificités de la mission de l’Ecole, des valeurs et des principes qui la fondent, il faut souligner que la vie sociale de l’enfant et de l’adolescent n’est pas confinée dans le seul périmètre scolaire, même avec ses prolongements péri, post ou para scolaires. On ne peut plus ignorer qu'un jeune acquiert des savoirs et des savoir-faire dans sa vie quotidienne, sa vie familiale, ses activités sociales ou de loisirs, ses vacances, lesquelles intègrent désormais les différents usages de l’internet et les réseaux sociaux. On ne peut plus ignorer les interactions qui existent entre les différents temps et lieux ayant une empreinte éducative. Une cohérence et une continuité éducative doivent être établies entre eux. Pour cela, il faut le concours de toutes les institutions de l’Etat et des collectivités territoriales, celui des acteurs associatifs, du monde économique et des parents aussi, en associant également les enfants et les jeunes aux décisions qui les concernent.

Dans la sphère publique, l’action éducative doit être désormais conçue selon un nouveau paradigme. Seule une approche globale et transversale permettra de mener à bien et sur tout le spectre de l’éducation, le changement amorcé par la loi d’orientation et de programmation pour refonder l’Ecole de la République. Cette approche doit nécessairement prendre appui sur le rôle fédérateur du socle commun de connaissances, de compétences et de culture. Elle doit viser à la réduction des inégalités sociales et territoriales dans un contexte où les parcours scolaires ont globalement tendance à les renforcer. Elle doit également contribuer à l’apprentissage du « vivre ensemble » qui n'est possible que si l'on « fait ensemble ». L'expérience partagée par les enfants et les jeunes en dehors du cadre scolaire peut fournir l'occasion de cet apprentissage. Elle doit encore encourager toutes les formes de coopération entre les différents acteurs concernés y compris les enfants et les jeunes.

Le projet éducatif avec son territoire de référence est le cadre incontournable et l’échelle pertinente pour définir et mettre en œuvre la coopération entre acteurs sur des valeurs et des finalités partagées. Cette coopération doit dépasser le simple partenariat dont la portée reste limitée pour s’inscrire dans une logique de coproduction qui s’appuie sur un engagement beaucoup plus fort des parties prenantes dans le projet collectif.

Le temps est venu de promouvoir une éducation inclusive et partagée avec la participation active des jeunes aux décisions qui les concernent. Le temps est venu d’allier au lieu de les séparer, l’Ecole et tous les autres lieux et temps où les enfants et les jeunes vivent et apprennent aussi. Le temps est venu de faire asseoir à la même table, à égale dignité, toutes les institutions et acteurs qui concourent à l’éducation des enfants et des jeunes. Le temps est venu de penser l’éducation comme un processus continu tout au long de la vie.

La présente déclaration a pour objet de réaffirmer solennellement les valeurs fondamentales et intangibles auxquelles sont profondément attachés tous ceux qui adhèrent à la perspective d’une Refondation qui ne s’arrête pas aux portes de l’Ecole. Elle exprime les enjeux et les principes d’action qui les rassemblent dans le cadre d’un projet éducatif local ainsi défini :

« Le projet éducatif local constitue le cadre dans lequel l’ensemble des institutions et des acteurs qui concourent à l’éducation définissent, organisent et mettent en œuvre, sur des valeurs et des finalités partagées, une politique éducative à l’échelle d’un territoire. Il prend en compte les différentes dimensions du développement de l’enfant et du jeune y compris celle de la citoyenneté et veille à ce que sa mise en œuvre s’inscrive dans une approche globale de ce développement. Le projet éducatif local fédère l’ensemble des initiatives qui contribue à la réussite de tous les enfants et les jeunes. Il organise la continuité et la cohérence éducatives entre les différents temps de l’enfant et du jeune, entre les différents lieux où ils vivent également. Il associe les parents et plus largement la communauté éducative à l’atteinte de ses objectifs. Se situant par principe dans la sphère de l’action publique et les valeurs qui la fondent, le projet éducatif local structure et valorise la cohérence et la complémentarité des activités organisées dans le cadre du projet d’école ou d’établissement avec les initiatives des collectivités territoriales, les propositions des associations dont celles de l’éducation populaire et les concours d’autres catégories d’acteurs y compris ceux du monde économique. »

Cette déclaration est un appel à la mobilisation pour réussir l’acte I de la Refondation dont l’Ecole est le cœur, en engageant dès à présent le processus qui conduira à l’acte II de cette Refondation qui permettra de promouvoir une éducation inclusive et partagée.

Si l’exigence d’un accompagnement vers le savoir, la connaissance et la citoyenneté est aujourd’hui l’essentiel de la mission de l’Ecole, il existe sur chaque territoire, des ressources qui peuvent compléter et enrichir cette mission. On ne peut ni les ignorer, ni les opposer au rôle émancipateur de l’Ecole. Pour relever le défi de l’éducation, nous avons besoin de coopération, de mutualisation, d’innovation au service des jeunes. Et pour cela, il faut un cadre commun qui a été reconnu pour la première fois dans la loi adoptée le 25 juin 2013 mais sans être toutefois défini et rendu incontournable.

La loi d’orientation et de programmation pour refonder l’Ecole de la République constitue donc une première étape qui en appelle nécessairement une seconde, d’ordre législatif également, relative au domaine éducatif partagé. Cette seconde étape est indispensable pour répondre aux inquiétudes exprimées à plusieurs niveaux par de nombreux acteurs dans la phase de lancement des premiers projets éducatifs de territoire (PEdT) ainsi qu’aux espoirs exprimés par ceux qui se sont engagés dans cette démarche mais sont confrontés à des modalités de mise en œuvre trop restrictives et principalement centrées sur le scolaire. Au-delà d’une (re)connaissance des missions spécifiques des institutions, en premier lieu l’Ecole mais également les collectivités territoriales et du rôle des différents acteurs éducatifs, notamment le mouvement associatif, cette loi devra identifier ce qui relève du domaine éducatif partagé. Elle devra également fixer les principes, les différentes ressources et les qualifications sur lesquels pourra s’appuyer durablement l’ensemble des institutions et des acteurs concernés pour définir et mettre en œuvre une politique éducative locale articulée aux orientations nationales avec la garantie d’une égalité des territoires. Elle devra rendre incontournable (et à terme obligatoire) le projet éducatif local (PEL) et donner aux acteurs locaux les marges d’autonomie indispensables ainsi que les outils juridiques et comptables que nécessite cette autonomie, tout en organisant la responsabilité collective de la mise en œuvre du projet éducatif et de ses effets.

Plus de 130 ans après l’adoption des lois Ferry qui ont institué, entre 1881 et 1882, l’Ecole de la République ; plus de 30 ans après les lois de décentralisation qui ont considérablement accru, entre 1981 et 1983, la responsabilité et le rôle « éducatifs » des collectivités territoriales ; plus de quinze ans après la loi d’orientation sur l’éducation du 10 juillet 1989 faisant de l’éducation la première priorité nationale et plaçant l’élève au centre du système éducatif, le temps est venu de prendre une grande initiative nationale relative au domaine éducatif partagé. Cette initiative pourrait constituer l’acte II d’une refondation qui ne s’arrête pas aux portes de l’Ecole et doit mobiliser dans le cadre de PEL de plein exercice, c’est-à-dire des projets éducatifs locaux qui ne réduisent pas la démarche locale à un simple agencement technique des moyens disponibles sur un territoire, les institutions et les acteurs qui dans la sphère publique concourent à l’éducation de nos enfants et pourront ainsi relever ensemble le défi d’une éducation inclusive et partagée.

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